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L’Histoire des Maîtres des Lieux

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En 1862, le Baron d’Empire François, Marie, Charles- Eucher BOULART devient «maître des forges». M. Boulart prospère aussi dans le domaine de la sylviculture.
En outre, il s’illustre politiquement et devient député de la deuxième circonscription de Dax.
Quelques trois ans plus tard, Charles Boulart épouse Marthe Darricau, petite-fille du baron d’Empire Augustin Darricau.
En 1877, le couple ordonne la construction du château Boulart idéalement situé sur une parcelle d’environ cinq hectares, au coeur de Biarritz, au plus haut point altimétrique de la ville, ce qui lui assure une vue imprenable sur l’Océan et ses plages.

Marthe et Charles Boulart 

À chaque détour de La Folie Boulart, gravées dans la pierre, sculptées ou forgées, les volutes d’un « M » attirent le regard: au fronton d’une porte, sous la courbe d’une voûte, dans l’angle d’une corniche, coiffant une grille, au centre d’une mosaïque. Un B et un C parfois s’y mêlent ou s’y substituent, compléments harmonieux, nécessaires.
M comme Marthe, B comme Boulart, C comme Charles, M, B et C, les héros de cette histoire: Marthe Darricau devenue Marthe Boulart, la jeune épouse à laquelle Charles Boulart dédie ce palais.

Joseph Louis duc, majesté et maîtrise de l’art

La carrière de Joseph Louis Duc satisfait, et au-delà, les exigences de Charles Boulart. L’artiste marque fortement l’architecture publique durant le second tiers du XIXe siècle. Né en 1802 à Paris d’un père fabricant d’épées, lauréat du Grand Prix de Rome en 1825 sur un projet d’Hôtel de Ville pour Paris, Duc séjourne à la Villa Médicis, se liant étroitement avec Félix Duban, Léon Vaudoyer et Henri Labrouste. Ses années d’Italie lui permettent d’arpenter la péninsule et la Sicile, de multiplier de remarquables relevés de monuments et d’églises, tels le Colisée à Rome ou le dôme florentin de S. Maria del Fiore.

Louis François Roux, harmonie et fantaisie

Nouvelle entrée en scène: Louis François Roux étudie à l’École Impériale des Beaux-Arts lorsque Duc le distingue. Né en 1838 à Valence d’une famille de meuniers, Grand prix d’architecture à vingt-deux ans à l’École des Beaux-Arts de Lyon, il est admis premier à Paris en 1862 dans l’atelier de Questel et se forme auprès de grands architectes. À l’Exposition Universelle de 1867, vingt-cinq de ses aquarelles illustrent les «Albums du Parc» offerts à Napoléon III.

Un Palais à l’Architecture d’un Hôtel Particulier

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Les travaux sont confiés aux architectes Duc et Roux, la maîtrise d’ouvrage revient à M. Oscar Tisnès, architecte. L’édifice est établi sur un plan carré appelé aussi « plan Palladien » en référence à l’architecte italien Palladio.
Joseph-Louis Duc laisse parler toute sa fantaisie et sa maitrise architecturale dans la réalisation de ce château, qu’on surnomme à juste titre « La folie Boulart ». C’est une construction éclectique qui mêle le style renaissance à une inspiration méditerranéenne.

Quant au jardin, il est somptueux, agrémenté de nombreuses fontaines et bassins. On y trouve aussi les écuries et les dépendances.
Tout y est donc luxueux et dans le style monumental à la mode en cette fin de XIXème siècle dans le milieu de la haute bourgeoisie.
L’art et la nature se côtoient en parfaite harmonie. La Folie Boulart est un véritable cadeau à dame Nature : l’air est pur chargé d’iode, depuis le château, les vues s’élancent vers la montagne et l’Atlantique avec ses plages immaculées.

La façade présente à l’angle nord une tour ronde et à l’est une tour carrée puis octogonale dans sa partie supérieure. Une terrasse à colonnes jumelées occupe la façade sud et offre une vue panoramique incomparable sur le phare. Tout autour de l’édifice, une corniche à modillons habille les murs. La construction est surmontée d’un toit d’ardoises percé de lucarnes à coquilles.

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Les artisans décorateurs au sommet de leur art

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Le palais regorge de merveilles architecturales : des surprises attendent le visiteur derrière chaque porte. Les matériaux sont choisis pour leur caractère exceptionnel, leur rareté. De la sorte, les majestueuses colonnades en marbre vert d’Inde du hall central organisent l’espace et éblouissent au premier regard. Elles confèrent au lieu toute sa magnificence et sont prolongées par un escalier monumental dont le balancement est remarquable de précision, d’audace et de volupté.

Au rez-de-chaussée, un portique composé de huit colonnes hautes de deux mètres soixante-dix, affirme la majesté de l’atrium : ces magnifiques fûts monolithiques en Sarrancolin « Fantastico » d’un mètre dix de circonférence proviennent de la carrière d’Ilhet dans les Hautes-Pyrénées – carrière d’où sont originaires aussi des colonnes de l’Opéra Garnier.

Le plafond en coupole travaillé en pierre de Crazannes est inspiré de la chapelle Sixtine et la galerie polygonale du premier étage éblouissent par leur somptuosité.
Le regard est attiré par la blancheur lumineuse du premier étage et la pureté de ses huit fûts de colonnes en marbre de Carrare blanc veiné de la Province de Massa.

Paysage de songe…
Une fabuleuse perspective s’ouvre au cœur de la volée d’escalier de La Folie Boulart.
L’hommage à la vie, à la convivialité, l’invitation au plaisir de boire, à l’exubérance transparaissent dans un Dionysos, une tête cernée de grappes de raisin,
ou dans le carrousel du dieu Pan qui domine la volée d’escalier.
Le garde-corps forgé en fonte est doré à la feuille d’or et vient parfaire cette impression de faste.

Les vitraux du hall, véritable prouesse technique, sont l’oeuvre du peintre-verrier français Eugène Oudinot.

L’aspect laiteux du verre, la délicatesse et la précision de la perspective donnent au triptyque de la profondeur et du relief. Ce mode de dessin, le trompe-l’œil, fait alors l’objet d’un certain engouement car le regard se perd, par la magie, dans l’illusion d’un jardin de treillage avec guirlandes de fleurs, arcades et végétaux.

plage les baigneuses

La folie mondaine d’un Palais

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En effet, Biarritz voit défiler pour des escales plus ou moins longues de nombreux aristocrates, rois et reines de nationalités différentes. Tous affectionnent les paysages de la ville côtière, cette douceur de vivre, ce climat clément que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Ils y apprécient aussi ce mélange de simplicité et de grandeur qui font de Biarritz une ville cosmopolite et attachante. Ils se laissent séduire par les flâneries en bord de plage, par l’architecture folle et baroque des manoirs stuqués et des villas rococo.
Biarritz est à la Belle-Epoque, durant les Années Folles et encore aujourd’hui très prisée des hommes politiques, des écrivains, des musiciens, des peintres et des stars du grand écran.
Celle dont la devise est « J’ai pour moi le vent, les astres et la mer » suscite ainsi l’engouement des personnalités.

Biarritz attire les célébrités de tous les pays.
Ils y apprécient en particulier l’inventivité de l’architecture, mélange de styles et d’influences qui rendent la ville unique. Ils y apprécient les paysages à couper le souffle, la nature préservée et ces surprises visuelles qui surprennent à chaque coin de rue, à chaque trouée sur l’océan. Ils y apprécient ce climat clément qui a toujours séduit les visiteurs anglais et russes en particulier. Ils y apprécient le luxe de ces grands magasins qui sont la marque de l’élégance à la française. Ils y apprécient la convivialité des basques et leurs coutumes préservées depuis des millénaires. Ils y apprécient la gastronomie hédoniste des cidreries, des bars à tapas ou des restaurants étoilés. Ils y apprécient la richesse de la vie culturelle et des festivités qui y sont proposées. Ils y apprécient enfin la magie d’une ville aux plages sauvages, aux promenades bordées de tamaris élégants et aériens, aux rues piétonnes pavées et raffinées.
Une ville onirique où le temps semble aboli…

La colonie russe est sans doute l’une des plus nombreuses à séjourner à Biarritz. Le climat de la côte, les stations thermales, les grands hôtels luxueux attirent une clientèle friande de fêtes et de soleil. Au XX ème siècle et jusqu’à la fin des Années Folles, les touristes russes migrent en si grand nombre à Biarritz que l’on rebaptise les mois de septembre, octobre et novembre de « saison russe ». C’est une saison élégante jalonnée de fêtes somptueuses : le Casino Bellevue organise des manifestations qui dépassent en beauté les plus belles réceptions du temps de l’impératrice Eugénie. En 1890, la construction de l’édifice cultuel orthodoxe, subventionné par des membres influents de la colonie russe, proclame elle aussi la ferveur des Russes pour la ville.

Fêtes, réceptions, chasses au renard dans les bois alentour s’enchaînent.
Biarritz, qui ne connaît pas d’éclipse en dépit de la chute de Napoléon III en 1871, est un point d’attraction international.
Têtes couronnées et noblesse se donnent rendez-vous à la belle saison à Biarritz.
Des personnalités du monde entier y prennent leurs quartiers d’hiver, font bâtir des villas parfois spectaculaires, aucune ne prétendant rivaliser avec La Folie Boulart.
De grands bals sont organisés réunissant des têtes couronnées de tous les pays : bals costumés, fêtes de la colonie anglaise, concerts et spectacles en plein air, embrasement des falaises. Les réceptions mondaines se succèdent, les rues fourmillent de beau monde. Biarritz est la capitale du bien vivre, du luxe à la française dans un cadre enchanteur.